Chaque année ces questions reviennent:

"Mais vous  fétez comment Noël vous les païens?",  "mais vous mangez aussi des galettes?"

Souvent, avouons-le, on en reste coi... Parfois, nous aurions envie d'éclater de rire!

Mais il ne faut pas.

Il ne faut pas car je n'oublie pas que la France est chrétienne depuis 1500 ans, et que c'est encore le catholicisme la norme, la référence, la pratique communautaire la plus logiquement, et légitimement envisagée, puisque c'est celle qui est arrivée jusqu'à nous. Par elle, et surtout "malgré" elle, que nous pratiquons encore ces rites, si forts, qu'ils n'ont pu être effacés.

Je n'oublie pas que mes aïeux allaient à l'église et à la messe de minuit... et mangeaient des galettes à l'Epiphanie, sans exactement savoir pourquoi.

Mais peu importe, car ils pratiquaient.

Ils chantaient, récitaient, égrénaient des chapelets et... tiraient les rois lors de grandes tablées recouvertes de nappes blanches.

Ils n'étaient pas spirituels, mais croyants.

De cette foi toute simple du charbonnier qui ne laisse personne sur le parvis.

Et souvent même, plus pratiquants que croyants,

car ils étaient profondément liés les uns aux autres dans ce carcan de traditions et de célébrations aux vertues sociales si précieuses.

Ils communiaient ensemble, répétant des gestes venus du fond des âges:

Comme celui de faire un gâteau et d'inviter ceux que l'on aime, d'y cacher une fève de porcelaine, et de demander au plus jeune de se cacher sous la table, de distribuer les assiettes, puis de s'enthousiasmer devant celui qui aura eu la chance tant convoitée de poser une couronne de carton sur sa tête.

Cette simple description suffirait pour montrer le caractère profane et profondément païen de cette tradition de la galette, indépendamment même des origines historiques. Car joyeuse, riche, gourmande et sensuelle (dans les sens qu'elle fait appel aux sens) elle est profondément ancrée dans la vie et ses plaisirs.  Et les familles se la transmettent de générations en générations tant il est vrai que les souvenirs olfactifs et gustatifs sont les plus durables et les plus puissants.

Des parfums d'enfance, comme une langue maternelle.

Galette chez Grand-père et grand-mère avec les cousins.

Ainsi la tradition de se partager une galette le 6 Janvier pour élire un roi nous vient de l'Antiquité.

En effet, à cette date les Romains célébraient les Saturnales, (une fête bien plus bon enfant que son nom le laisserait à penser!)

 C'était une de ces fêtes carnavalesques, où l'ordre et la hiérarchie étaient renversés.  On tirait au sort,  les rois d'un jour que l'on appelait alors

les " Maître des Saturnales ou Rois du Désordre!

 Ainsi parfoit, un simple soldat se retrouvait à commander toute une garnison ou un esclave, son propre maître!

Mais quand le sort est taquin, c'est la tenante de l'autorité, la reine -mère en personne qui trouve la fève!

Un jeune roi fringant équilibrera alors un peu la situation...

Malgré trois énormes galettes et un nombre de convives à l'avenant, nous n'avions placé qu'une seule fève pour toute l'assemblée.

N'y a -t il pas qu'un seul roi en un Royaume?

La seule justification à mettre trois fèves eut été de considérer les trois Rois Mages comme origine de cette tradition,

or...

... L'Epiphanie, est encore une fête de la lumière.

"Il n'est de religions qu'en regard de la lumière" (Michel Onffray)

La fête de l'Epiphanie a lieu exactement 12 jours après Noël.

Or, ces 12 jours furent toujours un temps à part, suspendu.

Un temps d'attente où bien que le solstice soit passé, les jours semblent figés et ne semblent pas vouloir se rallonger.

Mon grand-père flamand m'avait une fois raconté que, lors de cette période, il ne fallait rien faire à la ferme, rien entreprendre, mais attendre.

Attendre quoi?

La fin du cycle de Noël pardi!

"le douzième jour de Noël j'ai reçu de mon ami...."

(Ravissante comptine de Noël d'origine anglaise pour les enfants. En français et chantée par Henri Des, elle est de venue un classique de nos chansons d'Avent. A découvrir ici:   clic!

Mais pourquoi 12 exactement?

Le nombre 12 a une valeur symbolique très forte. Il représente un tout, une unicité, un monde entier.

12 commes les heures, 12 comme les mois, 12 comme les épis de blé dont on garde un bouquet chez soi comme autant de porte-bonheur pour l'année à venir ...

  12 comme l'Olympe:

Les 12 Dieux de l'Olympe étaient dit "épiphanes", ils s'incarnaient pour appaître aux hommes.

(Zeus, Héra, Poséidon, Athéna, Arès, Déméter, Apollon, Artémis, Héphaïstos, Aphrodite, Hermès, et Dionysos.)

Le mot Epiphanie vient du grec, et son utilisation est bien antérieure au christianisme. Il signifie "illustre, éclatant" et "briller " (Wikipédia) et prit le sens précis d' "apparition" divine.

Ces 12 jours sont aussi le temps du rattrapage entre le calendrier solaire et le calendrier lunaire:

(Le premier calendrier romain était le calendrier lunaire dont les mois durent 29,5 jours entre deux nouvelles lunes. Il dure 354 jours.

Jules César en instaura un nouveau: le calendrier solaire, fait des mois plus longs que nous connaissons.

Ces deux calendriers, basées sur les astres, reposent bien sur des élements tangibles de la nature. Mais un décalage de presque 12 jours entre ces deux calendriers interpelle:

Ainsi donc ces 12 jours pourraient être une exlication à ce temps d'attente.

Car le soleil n'attend -il pas sa compagne la Lune?

D'astre il est aussi question dans la forme de la galette:

Ronde et dorée, elle est en forme de disque solaire.

(comme le seront aussi les crêpes dans quelques jours!)

Considérer que la forme de ces pâtisseries seraient un pur hasard, montrerait une méconnaissance totale de la manière de penser de nos aïeux.

Nos ancêtres faisaient toutes formes de pains, pâtés et patisseries aux formes très variées selon les moments de l'année.

Il y a la bûche de Noël ou les oeufs de Paques pour les plus connus.

Mais il y a aussi les plus dérangeantes formes phalliques que l'on trouve dans certaines régions françaises au printemps, (aux Rameaux bien souvent).qui sont des vestiges de très vieux cultes de fertilité.  Comme ici: clic!

Ce goût pour la forme se retrouve dans bien dautres domaines multiples et variés.

Et par exemple en herboristerie. Ils observaient les plantes, et selon les couleurs et leurs formes, les assimilaient aux organes malades et en déduisaient les vertus bénéfiques pour soigner tout sortes de maux.

***

Le cycle des douzes jours de Noël s'achevant dans les miettes de pâte feuilletée et de frangipane (région d'oïl oblige!), il est logique de profiter de cette date pour retirer les décorations de Noël.

Personnellement, si je retire toutes les décorations, je laisse très souvent le sapin, nu, quelques semaines encore.

Avoir un arbre dans sa maison est quelquechose qui m'émerveillera toujours...

Un beau travail d'équipe chez grand-mère!

 ***

"Le principal danger qui guette le Paganisme, c’est l’intellectualisme de la gratuité, la « pensée », idolâtrée pour elle-même, desséchée et abstraite, para-universitaire, déconnectée du réel et des impératifs de l’urgence. Le Paganisme n’est ni dissertation savante, ni « connaissances » froides, mais attitudes pour l’action. Pour moi, il est immersion dans la vie, pratique qui transforme le monde."

Guillaume Faye

L'Avent.

Comme un cadeau, le givre fige le paysage dans un écrin de glace.

C'est le temps du sommeil, le temps de l'Avent.

C'était donc vrai! Vivre à la campagne, nous aura permis de ressentir à nouveau ce qu'implique la saison froide et la lumière qui décline.... (d'autant que notre chaudière est capricieuse!).

Car il faut bien reconnaître que nos sept ans en ville nous avaient coupés de ce lien avec la nature. 

Or depuis l'Automne, tout s'est ralenti jusqu'à se figer. Les oiseaux se sont tus. Tout est silence.  Le monde animal est entré en grand sommeil ou s'est envolé vers des pays plus chauds. 

Nos poules ont presque totalement cessé de pondre et quand je rentre de chez mes parents (maison en photo)  je marche dans l'herbe mouillée et contourne les flaques de boue, happée par la splendeur d'un magnifique ciel étoilé parfaitement pur. Je me réjouis si la lune est pleine. Sa clarté me permet de suivre mon chemin et d'en éviter les pierres et les trous qui tordent les chevilles.

Certains de mes grands enfants partent en vélo ou en moto, à 6h45 dans l'obscurité et dans un froid glacial qui leur gèle les doigts. Biensûr, cela n'a plus rien à voir avec leurs trajets citadins d'un quart dheure sur les trottoirs éclairés des réverbères qu'ils empruntaient pour aller à l'école.

Dire qu'ils ont hâte que la terre se réchauffe est un pléonasme!

Ainsi, l'Avent à la campagne est une véritable expérience sensorielle qui nous fait mesurer à quel point la lumière est précieuse et la chaleur, un cadeau.

***

Le Solstice d'hiver:

Et c'est arrivé...

Il est revenu.

Comme une victoire de la vie sur la mort, l'ennui, le froid et l'endormissement, il est là.

Comme la promesse d'un renouveau, d'une vitalité, d'un été magnifique... mais si petit et si discret encore:

Un soleil nouveau-né.

Quelques secondes tout d'abord puis quelques minutes bientôt, quelques rayons au travers des branches nues des arbres: tout ne sera pas perceptible tout de suite, mais il est là,

comme un trésor sous un tapis de neige ...

comme un bébé qui vient de (re-)naître..

A l'Automne l'année dernière, (et à l'automne de nos vies de quadras), un septième enfant, un cinquième petit garçon , est venu agrandir la famille.

La petite Histoire:

On comprend pourquoi le concile de Nicée, en 325, fixa Noël, le jour du solstice d'hiver. Cette date était forte de sens pour les peuples de l'hémisphère nord qui souffraient et attendaient le retour du soleil.

Le solstice d'hiver avait alors lieu le 25 Décembre (oui, oui!) au calendrier Julien (date fixée par Jules Cesar) avec, nous le remarquons,  un décalage de trois jours d'un point de vue astronomique. (21 Décembre)

Cela peut nous perturber et servir d'excuse aux esprits les plus réfractaires qui rejettent cette démonstration d'un Noël de tradition européenne. Mais il faut également comprendre qu'à l'heure où nous avons des téléphones qui nous indiquent les minutes et les secondes de manière plus précise qu'une montre suisse, cette précision à trois jours près, n'a absolument aucun sens pour les peuples anciens. Les célébrations étaient ainsi des cycles, des "périodes" bien plus que des dates fixes.

Ainsi, Noël, fait partie du cycle des fêtes de la lumière: les lanternes de Samain (Saint Martin), la sainte Lucie, Noël, l'épiphanie et la chandeleur dont les deux symboles, galette et crêpe, ont des formes rondes et dorées plus que révélatrices.

Ainsi, certains étymologistes attribuent l'étrange mot "Noël", à deux mots gaulois: "Noio" (nouveau) "Hel" (soleil).

Une autre éthymologie avancée, est celle de "dies Natalis" (le jour de la naissance). Mais on ne peut que constater le manque de similitude entre les deux mots, ainsi que le manque de logique. Car si on se rapporte aux jours de la semaine, qui sont aussi des "jours de...", on constate que le jour de la lune a donné "lun-DI", celui de Venus "vendre-DI", ou celui du Seigneur "DI-manche".

"Le jour de la Naissance", aurait dû aboutir logiquement à des noms latinisants: "NatalDI", ou "DInatale" et pas cet étrange (et magnifique!) "Noël"...

Est-ce grave pour la France fille aînée de l'Eglise?

Et bien mes amis catholiques ont plutôt tendance à se réjouir de ce rapprochement qui fait de Noël une fête profondément européenne, et également, une fête viscérale, sensible, instinctive... et liée à la nature. Car comment mieux fêter la naissance de la Lumière divine, qu'au coeur des ténèbres?

Mais mes amis sont simplement extraordinaires...

Fêtons le Solstice d'hiver!

Un an déjà...

... et toujours 21 ans d'écart entre ces deux frères!

Dans le salon l'arbre de Noël est dressé. L'arbre est incontestablement le symbole païen le plus répandu dans les foyers à cette période de l'année.

Le culte des arbres sacrés est un des cultes les plus importants des religions germaniques, scandinaves et celtes. Ce culte s'est longtemps maintenu en Gaule, sous la forme d'idoles.

Saint Eloi, Saint Martin, malgré leurs efforts n'en seront manifestement pas venus à bout!

(boucs, ou "julbock" IKEA)

Au milieu des symboles de lumière: les bougies, les boules et le rouge, couleur de Noël, on retrouve les boucs chères à la tradition scandinave.

Le Julbock est l’un des plus vieux symboles de Noël des pays du nord. On peut le traduire en français par bouc de Yule ou chèvre de Noël.

Les boucs sont liés au dieu Thor qui voyageait dans le ciel tiré par deux d’entre eux.

J'ai grandi avec deux grands boucs IKEA (introuvables aujourd'hui) sous notre sapin de Noël. Les origines flamandes de ma maman nous ont toujours beaucoup plus emmenés vers une esthétique nordique plutôt que vers les santons de Provence, les 13 desserts, ou autres traditions du Sud de la France que je trouve absoluent charmantes, mais qui nous sont totalement étrangères.

Ainsi les boucs, sont devenus nôtres.

Il est important que chaque famille se construise ses propres coutumes, par tradition familiale, régionale, mais aussi par repéchage ou par invention pure pourquoi pas, ainsi se forge l'esprit de famille.

Le calendrier de l'Avent participe de cette volonté de ressortir chaque année de la grande boîte à décorations, le même objet comme un trésor oublié. Il m'aura pris un temps fou, mais désormais, nous avons notre calendrier, celui de notre famille, et un jour ce sera, pour mes petits enfants "celui de grand-mère". Un jour, mes enfants regarderont attendris les petites mains de leurs enfants fouiller dans les bonnets à la recherche des chocolats, images et autres petits cadeaux.

Sur la cheminée, trône un autre objet: un bougeoir en forme de drakkar. Le symbole de la barque solaire est lié au coucher du soleil et au solstice d'hiver (au contraire du char qui monte, symbole de l'aurore et du solstice d'été).

La barque solaire est un symbole que l'on retrouve chez nombre de peuples anciens lié à la mer ou aux fleuves (vikings, étrusques, egyptiens...)

Là aussi, j'ai grandi avec ce symbole sur notre cheminée et je le transmets à mon tour.

Il porte trois bougies:

-une pour le passé et les ancêtres,

-une pour le présent et les membres de la communauté,

-la dernière pour nos enfants, notre avenir, notre éternité.

(Pour tout savoir sur le rituel, c'est ici: clic!

et le drakkar: clic!

Ce qui ne manquera pas d'intriguer et d'agasser, de par et d'autre, c'est cette statue.

Comme je le disais plus haut, chaque famille a sa propre histoire. Elle écrit, par ses souvenirs, ses principes de vie, ses objets, le récit de sa spécificité . C'est ainsi que se crée un sentiment d'unicité chez  les enfants.

Cette figure féminine était celle de mon mari et est la reproduction de celle d'un mouvement de scoutisme dont il  faisait parti avant de me rencontrer.

Mais surtout, cette figure est une figure de déesse mère à l'image des divinités gauloises et gallo romaines, "les Matrae" ou "Matronae".

Elle symbolise la maternité, la protection des enfants, l'abondance .

Les déesses mères sont une des representations divines les plus anciennes.

Matre ou Matronae gauloise.

Notre solstice d'hiver se fêtera chez nous, comme chaque année, en trois étapes:

-Tout d'abord, cette année ce fut avec nos amis. Pour les plus anciens, cela fait 21 ans que nous nous retrouvons.

Les enfants étaient si petits la première année... Aujourd'hui c'est une bande de jeunes filles et de jeunes garçons qui chantent plus fort que nous!

Nous étions 19 adultes, 15 jeunes gens dans la beauté de leur jeunesse, 10 enfants et trois bébés.

-Hier ce fut en famille.

De manière très simple. La tour de Jul et le drakkar ont brillé dans la nuit, faisant echo aux centaines allumés conjointement.

-Et pour finir, ce sera Noël...

Noio Hel à tous!

Ainsi pourrait se résumer notre fête des morts cette année.

Quelques cadres au bout d'une table, et des histoires.

Certaines dejà racontées, mais que l'on raconte encore.

On pose des questions. Pas facile de tout retenir!

Une anecdote:

On demande aux enfants quels souvenirs ils ont de deux vieux frères qui venaient déjeuner à Noël chez leur grand-mère.

Ils habitaient la ferme à côté et m'ont vu grandir, me marier, et avoir mes enfants.

Puis ils ont vu une ribambelle de cousins grimper dans leurs réserves de paille, jouer dans leurs tracteurs et faire plein d'autres bêtises.

 Mais les enfants étaient petits, et le temps efface les souvenirs...

Ils se rappellent malgré tout.... Non pas des visages, ou des paroles, non! Ils se souviennent d'un geste, d'un tout petit geste, d'un minuscule détail qui avait pour eux une sorte de dignité extraordinaire. Ce geste, c'était celui qu'avaient ces deux hommes de la terre, au moment de passer à table, de sortir de leurs poche leurs propres couteaux: Ils le dépliaient, et le posaient chacun à côté de leur belle assiette blanche sur la serviette repassée. Et c'est avec ce couteau, pas bien beau et qui servait à tout à la ferme, qu'ils poseraient le foie gras sur le pain, ou qu'ils couperaient ce qui composait le déjeuner de Noël.

Et ce qui est drôle, c'est que moi aussi je m'en souviens très bien.

Les marchands d'Automne m'ont eu, à nouveau...

Et c'est dans les rayons du supermarché que j'offre pour quelques sous, un peu de nature à notre maison de ville. Ainsi prend-elle, avec (et malgré) moi, perpetuellement des allures de campagne.

La bruyère est tellement plus belle sur les chemins douaniers du Morbihan...

Mon buffet d'entrée servira, comme à l'accoutumée, de vitrine de saison.

Nature bien plus vivante que morte, puisque presque tout ce que je pose sera tôt ou tard planté ou mangé!

***

Mon quatrième fils me regarde faire. Il a l'habitude de mes futilités.

-"j'aime bien quand tu fais ça maman" dit-il.

Il a eu treize ans la semaine dernière, le jour de l'automne, et je suis ravie de constater que son entrée progressive dans l'adolescence ne change en rien sa capacité d'émerveillement. Et ça ne m'étonne pas.... le premier qualificatif auquel on pense à son sujet c'est "gourmand".

Mais gourmand de tout finalement... des goûts, des parfums, des couleurs, de la vie elle-même!

Il a la sensibilité aiguisée et une disponibilité à emplir son être d'une multitude de sensations et de joies très simples.

Une prédisposition naturelle à être heureux sans aucun doute!

Et il a raison car...

 que la nature est belle quand on prend la peine de la regarder!

 Je ne me lasse pas d'admirer ce bleu soyeux qui semble saupoudré comme du sucre glace sur un cuir lie-de-vin.

Je me rappelle l'avoir fait il y a longtemps quand j'étais petite fille, sous le prunier de mon grand-père. Je me souviens qu'il s'était un jour fendu en deux sous le poids des fruits. Je regardais ce bleu étonnant dont on se demande pourquoi la nature l'a posé là.

Elles me font penser aux boules de cocagne: ces pelotes de fleurs de pastel compréssées, qui ont fait la légende du pays toulousain dans toute l'Europe.

Pensées vagabondes et souvenirs tactiles d'une tête bien rêveuse.

Mais elle n'est pas que cela... Car contrairement au printemps qui exalte la force de vie, l'automne à beau nous offrir un spectacle magnifique,

il est un champ du cygne.

Et les belles feuilles rouille ramassées avec mes marrons d'Inde, étaient humides et toutes pourries...

Le froid a succédé à un merveilleux été indien et tout d'un coup, telle la mort qui survient, il nous a soumis à ses lois.

Au jardin de mes parents, des tomates gâtées jonchent le sol. Le carré est grand, il faut nettoyer et arracher les lianes entremélées.

La lumière est si pâle et le soleil si absent qu'on ne saurait dire quelle heure du jour il peut être.

Dans l'air, une humidité palpable fait peser sur toutes les choses une moiteur collante de bord d'étang.

Pas de vent. L'air est mou. Tout invite au sommeil.

Aux antipodes de l' équinoxe de printemps,où, dans les temps anciens les enfants réveillaient la nature en agitant des flambeaux dans les vergers et où les fêtes de carnaval hurlaient au grand réveil de la nature, aujourd'hui au contraire, tout, dans cette équinoxe de l'ombre, invite au calme et à l'endormissement.

Ainsi est-il d'une vie cyclique...

Il m'apparait tout à coup que notre monde actuel se gargarise au contraire d'excitations en continu tel un été sans fin:  images numériques incroyables, envies d'ailleurs, histoires rocambolesques et  couleurs artificielles trop vives... sans jamais... "redescendre".

Notre vocabulaire a le goût de l'emphase constante, du "trop", du "sublime", (voire du "sublimissime"...)

Nous brûlons d'un feu sans trêve, nous rêvons d'absolu.

Nous rêvons de passion.

Et ainsi, déconnectés des cycles de la lumière naturelle,  nous ne savons plus voir le petit, le discret... le normal.

Nous ne savons plus apprécier les camaïeux de gris que nous offre la vie:

 le gris lavande du ciel au petit matin et le gris chaud et ambré de l'horizon au couchant; le gris épais et éthéré d'un jour de brouillard, le gris brillant et tranchant d'un paysage après la pluie...

***

Que cet Automne vous soit calme et serein pour reposer votre âme.

Que le soleil fuyant commence à vous manquer, pour que vous puissiez le guetter et le fêter à nouveau quand le temps sera venu.

Que votre foyer et votre cercle d'amis véritables se rapprochent et vous entourent. Qu'ils vous apportent joie, lumière et feu!

Dans le salon trois petites filles répètent une dernière fois le chant de Sankta Lucia.

Dans la cuisine, les invités sont attablés, prennent leur petit déjeuner et ne se doutent de rien.

On allume les bougies des couronnes de fer qu'elles portent sur leurs têtes, et,  aux premières notes de piano, elles s'avancent, sûres de leur rôle (et si fières aussi!)

Trois petits tabourets sont disposés au bout de la grande table. Elles y grimpent et continuent le chant.

Si elles ont peur, elles n'en laissent rien paraître!

Nous fêtons la Sainte Lucie car nous nous reconnaissons dans cette représentation de la lumière:

Lucie signifie Lux, la lumière

et nous fêtons le retour du soleil.

Les couronnes rondes et lumineuses sont solaires, et la beauté de ces visages nous enchantent.

Alors célébrons et chantons!

Voici le chant : (musique en lien ici)

Le froid s'est abattu,

Règne sur nos vies,

Ô Soleil où es-tu?

Chasse cette nuit!

Jeune fille couronnée,

Porteuse du feu sacré,

Sankta Lucia, Sankta Lucia!

...

Entre dans nos maisons,

Lente et bruissante,

Tes voiles et ton jupon,

Ceints d'amarante,

Dans ta robe de neige,

L'hiver se prend au piège,

Sankta Lucia, Sankta Lucia!

...

Des vallées de la terre,

S'envolera bientôt,

La longue nuit de l'hiver

Et son blanc manteau.

De ta beauté solaire,

paraît le renouveau.

Sankta Lucia, Sankta Lucia!

***

J'adore recevoir. J'adore avoir ma maison pleine d'amis. 

Mais ce qui est plus surprenant peut-être,  c'est que j'adore les lendemains de dîner... comme la journée que j'ai passée hier...

 La maison n'est jamais aussi belle qu'un lendemain de fête: un bouquet dans l'entrée, un centre de table, des bougies...

Elle sent un peu le feu de bois, la paraffine et dans le salon,  l'alcool et le tabac...

Partout des traces de la fête passée, et j'aime!

A midi, nous aurons ainsi du vin et  un plateau de fromages,( de vrais fromages!) ainsi que des restes de plats plus élaborés que les enfants gouteront avec nous, comme des grands...

Pour nos amis (qui sont eux, en plein carême ;)) ) un menu spécial loin de nos habituelles côtes de boeuf à la cheminée:

un bouillon thaï, un choucroute du pêcheur, des pommes au four...

J'aime faire la vaisselle et le rangement de ces moments pleins de gaieté.

Ça peut paraître étrange...

Mon mari me dit toujours que, lorsque  je refais le soir, le film de ma journée avant de m'endormir, je range tout simplement mes souvenirs, dans les petites cases de ma mémoire comme un entomologiste épinglerait des étiquettes sur des insectes.  Il me dit que c'est pour ça que j'ai, ( à son avis bien sur), "une mémoire d'éléphant".

Quelque part, il y a de ça:

En rangeant, je revis le moment, mais dans un calme serein, (ce qui n'est pas le cas lors des préparatifs!)

Et pour une fois je peux faire quelque chose sans compte à rebours, sans précipitation, les mains dans l'eau chaude. La tâche est nécessaire et je n'ai qu'à m'exécuter, sans décision à prendre, sans priorités à définir. Juste la tâche. Et puis...

la vaisselle est une activité dont on peut tirer rapidement une immense gratification. Les piles de vaisselle grasse, les verres tachés de vin, retrouvent rapidement leur éclat. Quelle autre tâche nous permet ainsi de revenir à l'harmonie d'une manière si facile? Et comme après un dîner, il y en a beaucoup, on est pas à l'abri qu'un mari ou un enfant attrape un torchon pour nous aider. Alors, dans les glouglous et les cliquetis de la vaisselle on oeuvre à deux à vaincre le chaos.

L'égouttoir: une vieille clayette à fruits .

Autrefois, on y alignait les fruits cueillis. Entreposés dans les caves, à l'ombre et au frais, on pouvait les conserver tout l'hiver. Il fallait malgré tout les vérifier régulièrement, les tourner, retirer les fruits pourris afin qu'ils ne contaminent pas toute la récolte.

On n'a pas toujours eu des fruits aussi facilement qu'aujourd'hui!...

Et il est bon de s'en souvenir, et de le raconter à nos enfants...

Autrefois, au japon, la vaisselle disposée avec art sur les grands égouttoirs plats était un véritable plaisir des yeux. les ménagères s'éfforcaient de la regrouper par couleurs et par formes, aussi régulièrement et esthétiquement que possible. 

(Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi, Dominique loreau.)

Ce morceau de charbon japonais appelé "binchotan"dans la carafe, permet de purifier, en partie, l'eau. Et en tout cas d'en améliorer infiniment le goût.

En guise de porte couteau, des marqueurs à fines herbes, que l'on fiche dans la terre ou les pots.

J'adore détourner des objets et notamments ceux qui évoquent la terre, l'endroit d'où vient ce que l'on mange: les bois bruts des dessous de plat, l'écorce des bougeoirs, les plats en bois, les poteries un peu grossières ... en terre, les clayettes en bois elles aussi. J'ai même plusieurs cache-pots dont je me sers comme plats de service!

"Rendez- vous en terre inconnue" France 2

Regarder une émission et ainsi faire deux choses à la fois n'est clairement pas zen du tout!

Tant pis, c'est comme ça!

Je ne trouve quand même pas assez de grâce à mes tâches domestiques pour m'y adonner entièrement et sans distraction. Surtout, il y a tellement à voir, à écouter, à apprendre...

Et puis je trouve ces anachronismes drôles... Ma petite horloge art déco, à côté de mon smart phone,  est une nouvelle venue dans ma cuisine, que j'ai attendue longtemps.

Nous devons la remonter tous les deux jours et je trouve cette idée extrêmement réjouissante! Un petit côté Carlton de Downton Abbey!

Son tic tac sonore change l'atmosphère de la cuisine. J'aime à dire  qu'elle lui donne un coeur qui bat.

Mais je pense surtout à ces cuisines de grands mères: celles où il y avait des plantes grasses sur les rebords des fenêtres de la cuisine et des rideaux anti-mouches à la porte d'entrée.

Ces maisons où l'on rentrait sans frapper pour demander des oeufs, ou du lait des vaches, en criant juste un "Juliette, vous êtes là?" (souvenir d'enfance).

Détacher la nappe, faire fondre la cire des bougies à travers un buvard, ranger l'argenterie dans des bocaux pour qu'elle ne s'oxyde pas, sont des tâches que j'aime faire.

Il faut dire que j'aime le linge de maison, la vaisselle ancienne et dépareillée que j'adore chiner, et les objets du quotidien en tout genre.

Je n'aime pas vraiment le mot "déco".

J'aime m'entourer de beaux objets utiles que je choisi avec soin.

Une de mes soeurs se moquait de moi un jour: "selon elle, je pourrais hésiter des heures avant d'acheter une simple bouilloire!" (En fait , il s'agit plutot de mois, voire d'années, mais shut!)

je n'aime pas beaucoup les appareils électriques:

la place qu'ils prennent sur les plans de travail, leur obsolescence, leur nettoyage et leur esthétique...

Bouilloires et cafetières (à piston ou italiennes) sont donc sans cordon, sans attache. Il me semble qu'elles sont moins reliées à la société de consommation. Je me sens plus libre... (de fait ma cafetière à piston en inox et bois a quinze ans...)

Un jour, j'aurais une hotte... ou pas...

Finalement, je les aime beaucoup mes tissus suspendus... ( sur une structure de baguettes rondes en bois.)

Ils absorbent les graisses et je les passe à la machine...

Un plafond nuit noire...

plutôt qu'une prise moche et un cadre, pourquoi pas une belle prise en porcelaine et ... rien d'autre?

des fils quand même...

Mais il est temps d'humaniser un peu toutes ces natures mortes!

Ma cuisine et moi n'avons pas un rythme de vie linéaire...

Il s'agirait plutôt de grande périodes d'accalmies tranquilles, solitaires et contemplatives, puis tout à coup, d'une explosion de mouvements, de cris, de musique, de jeux, de danses, de disputes aussi... en quelques mots, ce que l'on appelle

la vie de famille!

On peut être samouraï et se faire coiffer par une petite fille...¨(hihi)

la tornade...

&

 la discrète...

Nos maisons sont des écrins pour toutes ces vies que nous y faisont croître.

Je n'avais jamais lu Guillaume Faye.

Ce qui n'est guère étonnant vu le peu de livres que j'ai lu...

Je l'ai toujours volontiers admis, et l'ai souvent écrit dans ces pages, sans en être, pour autant, particulièrement fière. Sans revendication... par pure honnêteté sans doute!

Tombant sur ces lignes à l'occasion de sa mort, il me semble qu'elles ont été écrites pour moi.

"Mon Paganisme n’a rien de spiritualiste ni de mystique ; il est charnel, vécu, je dirais : poétique et totalement personnel. Mon itinéraire est tout sauf « spirituel », mais pure ment sensuel. La richesse du Paganisme, que ne possède aucune autre « religion », c’est qu’on y trouve une extraordinaire pluralité de sensibilités : du Paganisme des bois et de l’enracinement, à celui du déchaînement de la technoscience ; du Paganisme des brumes de la lande à celui des divinités du feu solaire. Du Paganisme des fontaines et des nymphes à celui du bruissement sourd des batailles, de celui du chant des fées ou du galop des lutins dans les sous-bois, à celui du tonnerre des réacteurs, de celui des grands Dieux tutélaires à celui des lares. Mais le génie du Paganisme, c’est de rassembler dans une totalité cosmique et organique l’ensemble des passions humaines, avec leurs misères et leurs grandeurs. Le Paganisme est bien le miroir du monde vivant.

Je n’ai jamais été attiré par les textes ésotériques, les élans mystiques, les recherches et les discours sur la symbolique. Pour moi, le Paganisme est d’abord poésie, esthétique, exaltation et intuition. En aucun cas théorie, chapelle ou instrumentalisation."

Je me délecte des clairs obscurs de ce début de printemps, qui font entrer le soleil encore bas de l'hiver.

Je m'émerveille de ces lattes de parquets noires et brillantes dans mon salon.

J'ai retiré tous les tapis.

C'est mon discours païen, je n'ai que ça à vous offrir et je crois qu'il m'y aurait encouragé.

***

 Je me définirais plutôt comme une adepte du moins... Ce qui en fait rire beaucoup !
A la vérité, je suis probablement déchirée entre minimalisme et décor, entre la simplicité et les parures extraordinaires, la nature et la culture, le monde sauvage et les grandes réalisations humaines, l'enracinement et l'esprit d'aventure... Je ne crois pas que je trouverais une solution un jour, mais un équilibre probablement...
En tout cas les mots de Guillaume Faye (l'archeofuturisme) ont, à nouveau, déplacé le curseur entre ces deux contradictions. Et c'est bien...

"La « spiritualité » désincarnée m’a toujours semblé très ennuyeuse, tout simplement peut-être parce que je ne la comprends pas. (...) Mon Paganisme, essentiellement apollinien et dionysiaque, est l’inverse d’une attitude méditative ; il est intuitif, fasciné par le mouvement, l’action, l’esthétisme de la puissance (et non pas de la prière). C’est pour moi l’essence même de la force vitale, du vouloir-vivre. La vie est l’efficacité, la production historique. L’histoire retient les res gestae, les actes, pas la contemplation abstraite et dandy pour des théories inutiles, balayées par l’oubli. Seul le faire est efficace et, seul, il est le but de la pensée comme des mouvements esthétiques de l’âme.

Le principal danger qui guette le Paganisme, c’est l’intellectualisme de la gratuité, la « pensée », idolâtrée pour elle-même, desséchée et abstraite, para-universitaire, déconnectée du réel et des impératifs de l’urgence. Le Paganisme n’est ni dissertation savante, ni « connaissances » froides, mais attitudes pour l’action. Pour moi, il est immersion dans la vie, pratique qui transforme le monde. Ce ne sont jamais les mots qui comptent d’abord, ni les idées, mais les actes concrets auxquels ces idées et ces mots conduisent. Une idée n’est pas intéressante parce qu’elle est brillante en elle-même, mais si elle donne lieu à une modification d’un état de fait, à une incarnation dans un projet : tel est le centre de l’épistémologie païenne ; à l’inverse de l’épistémologie judéo-chrétienne, où l’idée ne vaut qu’en elle-même, où les contingences matérielles, l’urgence, le réel sont méprisés. J’ai toujours été frappé par le fait que les Paganismes gréco-latin, germanique, ou celtique, n’avaient rien de méditatif ou de contemplatif.

Ils étaient éminemment actifs, politiques et guerriers.

Ce qui signifie que les traits majeurs du Paganisme sont

l’union du sacré et du profane,

une conception cyclique ou sphérique du temps

(au rebours des eschatologies du salut ou du progrès, dans lesquelles le temps est linéaire et se dirige vers une fin salvatrice de l’histoire),

le refus de considérer la nature comme une propriété de l’homme (fils de Dieu) qu’il pourrait exploiter et détruire à sa guise ;

l’alternance de la sensualité et de l’ascèse ;

l’apologie constante de la force vitale (le « oui à la vie » et la « Grande Santé » du Zarathoustra de Nietzsche) ;

l’idée que le monde est incréé et se ramène au fleuve du devenir, sans commencement ni fin ;

le sentiment tragique de la vie et le refus de tout nihilisme ;

le culte des ancêtres, de la lignée, de la fidélité aux combats, aux camarades, aux traditions

(sans sombrer dans le traditionalisme muséographique) ;

le refus de toute vérité révélée universelle et donc de tout fanatisme, de tout fatalisme, de tout dogmatisme et de tout prosélytisme de contrainte.

Ajoutons que, dans le Paganisme, se remarque sans cesse l’« opposition des contraires » au sein de la même unité harmonique, l’inclusion de l’hétérogène dans l’homogène."

extrait d'un entretien avec Guillaume Faye,

naguère paru dans Antaios (2001)

en entier ici: lien

"Et si pour toute richesse,

Il ne te reste que deux pains,

Vends-en un, et avec ces quelques deniers

Offre-toi des jacinthes pour nourrir ton âme!"

                                                                                             Poème persan

 (tiré de "l'art de la simplicité" Dominique Loreau)

"Oh, oh..."

"Maman, on dirait des p'tits bébés soleil qui seraient descendus sur la terre et se seraient accrochés à des plantes..."

3€ de bonheur, de printemps et de parfum rapportés du marché, avec le sourire d'une dame agée en prime, tellement heureuse de distribuer les merveilles de son jardin à une enfant.

Dans quelques jours , ma fille fêtera ses huit ans.

Pour cadeau, elle veut des fleurs, des pots, et un arrosoir...

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Chers tous,

C'est avec un mélange d'angoisse et de joie que je vous fais part de la  création de notre petit atelier familial et notre boutique virtuelle: (lien)

Oh biensûr nous n'avons qu'un seul objet à vous proposer...

Mais il nous tient à coeur!

Vous vous en doutez, il s'agit de notre barque solaire en bois dont je vous ai parlé dans mes deux artricles précédents.

Depuis le début de ce blog je vous raconte nos valeurs et nos traditions.

Je n'ai aucun mérite, je suis née dans cet univers. J'ai été élevée au milieu de ces symboles et j'ai grandi au milieu d'une communauté nombreuse de gens qui sont mon clan. Les enfants de mes amis, (et les amis de mes enfants!) ont des prénoms aux éthymologies latines, celtes, nordiques dont ils connaissent parfaitement le sens. Nous célébrons nos fêtes ensemble plusieurs fois par an... et quand ce n'est pas le cas, chacun chez soi, nous nous rassemblons autour des mêmes objets en chantant les mêmes chants.

Je mesure cette chance incroyable, et je ne doute pas de la difficulté et de la solitude que ceux qui sont seuls doivent ressentir en me lisant. 

Mais je vous assure que tout est possible!

Une seule personne suffit...

Ma famille, (au sens large qui englobe ma fratrie, nos conjoints, et nos enfants...), doit tout à la curiosité incroyable de mon père mais aussi à sa sagesse d'avoir choisi ma maman qui, bien que n'étant pas du tout bercée par les mêmes lectures, avaient les qualités de coeur pour transformer les mots en sourires accueillants, les livres en plats sur des grandes tablées, les gravures en Solstices gigantesques, les idées en actions humbles et quotidiennes.

Car on ne convainc, que par le beau et l'amour. On séduit, on embellit le monde, on rassemble les individus...

On façonne, on fabrique, on cuisine.

On tresse des couronnes, on mets des nappes blanches sur les tables, on invite.

On enseigne des chants.

On accueille et on serre dans nos bras.

C'est avec cette conviction, cette motivation que nous vous proposons notre barque pour célébrer Noël avec votre famille et vos amis, qu'ils soit ou non de votre sensibilité.

le déroulé de la célébration de Noël, ou du Solstice d'Hiver est ici: lien.

Notre barque a été dessinée par mon mari. Elle est coupée chez un artisan de notre ville puis dans notre atelier nous découpons les petites pièces manquantes, perçons, rapons à la lime les contours encore grossiers, polissons, assemblons et vernissons.

Il nous est bien malaisé  de parler d'argent. Telle la femme du cordonnier de mon enfance ( ah cette collection incroyable... Lien utube "les lutins et le cordonnier" )   J'ai demandé à mon mari d'y passer moins de temps pour baisser le coût de ses chaussures drakkars. Mais tout comme le cordonnier de l'histoire, il ne peut pas s'y résoudre...  

Ce matin, alors que mon mari râpait les aspérités d'une de ses barques, un ami qui avait passé commande vint aux nouvelles. 

Quelquechose changea. Une lueur s'alluma dans ses pupilles.

Mon mari ne poli plus de la même manière:

Il avait décidé que le drakkar qu'il tenait entre ses mains serait pour cet ami.

Cela lui donna de l'entrain et beaucoup de satisfaction. Il décida alors que chacun des drakkars serait chargé d'une intention désormais, car travailler ainsi, pour les autres, en y mettant du coeur et du sens, etait tout simplement beaucoup plus agréable pour lui.

Si vous souhaitiez nous commander une barque et lui rendre la tâche plus noble, n'hésitez pas à m'écrire , à nous raconter votre démarche et si vous le souhaitez, à joindre une photographie de vous, de votre couple ou de votre famille...

 Notre boutique:

ORS

définition:

nom propre: trois premières lettres de notre nom de famille.

nom commun: vieux, de l'indo-européen RKSOS et l'ancien français "Ors"qui signifie "'ours",

Symbolique:

L'ours est le premier compagnon de la Déesse mère des anciennes civilisations.:

"Le souffle mystérieux de l'ours émane des cavernes."

il est donc une expression de l'obscurité, des ténèbres.

L'obscurité, l'invisible étant liés à l'interdit cela renforce sa fonction d'initiateur.

Il est en rapport avec l'instinct, l'inconscient chtonien, lunaire et nocturne. il est lié à Artémis.

 L'ours est le roi des fôrets d'Europe.

Il représente la double fonction royale et guerrière, c'est le Roi Arthur.

Noël...

Noël me touche tellement...

Quand je vois mes concitoyens à Noël, marquer un temps de pause dans cette vie moderne trépidente et pratiquer encore des rituels millénaires, descendant de l'aube de l'humanité, je me sens profondément émue.

Savent-ils ce qu'ils font, ce qu'il fêtent?

Connaissent-ils le sens primordial et grandiose de leur sapin, l'arbre porteur du feu sacré?

Savent-ils pourquoi ils tressent des roues de feuillage vert dont ils allumeront chaque dimanche une des quatre sections?

Perçoivent-ils au moment de la bûche qu'ils portent, avec un sourire victorieux, le souvenir des temps anciens?

Savent-ils pour le père Noël? Connaissent-ils son véritable nom...

Et au delà... ont-ils conscience d'avoir une pratique "rituelle"?

Non.

Pour l'immense majorité.

Mais peu importe...

Ce n'est finalement, pas indispensable...

Le rite est si fort qu'il a sa propre vie.

Il se suffit à lui même, il chemine seul, tranquillement, passant d'une main ridée à celle d'un enfant.

Il se fait  lumière et feu et pénètre les pupilles des enfants.

Il se fait parfum des forêts septentrionales des peuples dont nous descendons, pour devenir un parfum d'enfance, dessinant profondément dans notre mémoire ses sillons olfactifs.

Et il peut se faire simple pâtisserie, celle que l'on ne consomme qu'à Noël... Et là, chaque famille, chaque région, peut avoir la sienne!

Les rites s'inscrivent profondément en nous d'une manière cicatricielle, charnelle, et nous les femmes, nous les reproduisons, car c'est ce que nous faisons depuis la nuit des temps.

Il me semble, avec l'âge, qu' il ne sert à rien de prodiguer à l'entours de grandes leçons de sagesse, d'histoire ou d'anthropologie concernant l'origine de ces rites. Vous seriez étonnés de constater à quel point je suis capable d'observer en silence les pratiques des uns et des autres... tout en y contemplant le vieil héritage de nos peuples païens. (Ce blog est un exutoire!)

J'aime  ce que l'on appelle la foi innocente du charbonnier, celle qui ne sait pas pourquoi elle fait les choses. Je la trouve belle et respectable, capable de transmettre les symboles avec une vraie ferveur et de rendre des objets inanimés plein de vie, bien mieux que les idées d'un "sachant" qui ne pratiquerait pas.

Les rituels ne s'enseignent pas sur une base rationnelle, mais se programment dans l'inconscient.

Biensûr, il y aura quelques vrais curieux, des gens proches de la Nature et avides de spiritualité qui écouteront...

Et si, d'aventure, vous rencontrez quelqu'un de désabusé qui ne voit en Noël qu'une fête commerciale, vide de sens, alors peut-être cette amertume cache t-elle au fond de lui un vide, une béance qui demande à être comblée, et alors il pourra, peut-être, entendre le murmure des temps anciens que vous lui conterez...

Et ce sera bien.

Un symbole tourné vers les autres: la couronne sur la porte.

Alors décorons nos maisons pour Noël, dressons le sapin et allumons les bougies de l'avent. Fabriquons un calendrier pour les enfants et entourons-nous d'objets et de symboles qui vaudront tous les discours du monde. Leur impact émotionnel est si puissant...

D'ailleurs si les enfants, (et les adultes qui ont gardé leur âme d'enfant), aiment tant Noël , c'est sans aucun doute grâce à toutes ces décorations au symbolisme fort, et à ces traditions familiales.

Dans ma famille, nous avons toutes ces traditions mais d'autres également puisque Noël n'est pas pour nous une fête religieuse d'adoration mais une célébration: une célébration de la vie et des forces de la nature, celle de la renaissance du Soleil.

Car chez nous Noël a toujours été le Solstice d'hiver, fêté le 24 décembre.

Le solstice d'hiver n'est rien d'autre qu'un moment astronomique dans l'année dont l'homme moderne n'a fichtrement plus rien à faire: celui-ci appuyant sur un bouton pour s'éclairer ou se chauffer et remplissant son chariot pour se nourrir, il est  totalement déconnecté... comme... arraché! (notez que si l'on arrache en conservant les racines, on peut replanter!)

Evidemment, pour l'homme lié à la nature, tout était bien différent:

Tout au long de l'automne, il avait vu le soleil s'éteindre petit à petit... alors imaginez, quelle joie pour lui cela pouvait être de célébrer sa renaissance! Timide certes, à l'image d'un minuscule enfant-soleil, mais qui grandirait jusqu'à redevenir le superbe et puissant Soleil du 21 Juin.

Contrairement aux anglo-saxons qui fêtent "Christmas", nous avons la chance merveilleuse d'avoir gardé ce nom qui vient du celte:

"Noio Hel"

"nouveau soleil" 

Noël!!!

Mon jeune frère, mes deux soeurs et moi l'ainée.

Petite, nous fêtions Noël en famille après avoir compté les jours sur le calendrier de l'Avent. Il portait cette inscription:

"Sol invictus",

 brodé au fil rouge par ma mère. Comme chaque année, elle  décorerait la pièce avec une profusion incroyable de branches et de rubans, rouges également et installerait un immense sapin. Biensûr, elle passerait des heures dans la cuisine pour nous préparer deux repas exceptionnels...

Car le rôle des femmes est de transformer une simple maison en foyer.

Mon père, le "sachant", l'homme éclairé qui a donné cette direction spirituelle à notre famille, ne partait pas dans de grands discours pompeux et écrasants sur les origines païennes de Noël.

Non, nous fêtions juste Noël...

en célébrant le retour du soleil.

Il avait (et a toujours) cependant, et comme beaucoup d'hommes que je connais, le goût des objets à forte charge symbolique.

 Et l'on sentait bien qu'au delà des symboles partout dispersés dans la maison, se trouvait des abîmes... Ô grands  dieux... infinis!... d'une mémoire ancestrale dont nous, pauvres enfants, étions les héritiers et dont nous savions si peu de choses.

Elle est peut-être là la clé de l'édifice de mes parents: peu de paroles, des actes.

"Des actes"... C'est un peu grandiloquent!

Alors disons plutôt, des actions quotidiennes, une attitude, des symboles et des objets mêlés à nos vies: des rites en un mot. 

Notre "drakkar" comme nous l'appellions est l'un de ces objets.

Il est toujours sur la cheminée chez mes parents dès le premier jour de l'Avent.

C'est un drakkar-bougeoir en bois.

Mes parents l'avaient reçu en cadeau de mariage par un ami sculpteur.

Les photos nous évoquent un passé  d'un autre temps (délicieusement insouciant...).  Un mariage d'hiver en Flandres, le 6 décembre 1975, le jour de la Saint Nicolas, Père Noël des flamands.

Depuis lors, le drakkar fit parti de notre "trousseau" familial.

Une fois, je me le rappelle,  nous avions fêté Noël  chez des amis.

Eux aussi avaient un "drakkar".

Il y eut les mêmes bougies, le même rituel évident, simple et lumineux.

Je me souviens de cette sensation "d'arrimage", comme deux maillons d'une chaine qui assemblait nos familles.

Nous étions au sein d'une communauté.

Depuis nous perpétuons cette tradition ...

La barque solaire:

La barque solaire est un symbole ancestral que l'on retrouve chez nombre de peuples anciens lié à la mer ou aux fleuves (vikings, étrusques, egyptiens...)

En effet, quand le soleil se couche à l'horizon sur l'eau, son cercle entamé semble soutenu par une barque.

La barque est lié au coucher du soleil et au solstice d'hiver (contrairement au char qui monte, symbole de l'aurore et du solstice d'été).

Chez nous il a la forme d'un drakkar.

Au soir de Noël ou du solstice d'hiver, la famille, les amis laissent un moment les rires de la fête, et chacun se regroupe autour du drakkar de bois avec une solennité bon-enfant.

Puis voilà comment nous procédons chez nous:

  Trois personnes désignées à l'avance, se présentent chacune leur tour pour allumer les trois bougies de la barque.

La bougie rouge est allumée en premier.

Elle est le passé.

Le père allume d'abord la bougie rouge en disant:

"j'allume cette flamme en souvenir de tous les morts de la famille qui nous ont précédés sur cette terre et sans qui nous ne serions pas ce que nous sommes. Notamment... (citer ici par exemple les défunts de l'année écoulée ou ceux que l'on veut mettre à l'honneur cette année.)

Puis c'est au tours de la deuxième bougie , elle est bleue.

Elle est le Présent.

C'est le moment de penser à ceux de votre famille, de notre clan qui n'ont pas pu venir, à ceux qui sont présents dans nos coeurs.

Cela convient très bien à la mère de famille, à l'hôtesse.

elle peut dire: "j'allume cette flamme en témoignage de fidélité à tous les parents et amis absents qui ne peuvent se trouver avec nous ce soir, notamment... (citer ici quelques noms...)

La troisième bougie, est verte, comme l'espoir.

Elle est le futur.

Nous aimons chez nous que ce rôle revienne à une femme enceinte ou à une jeune maman. Ce soir c'etait la plus jeune de nos fille. On pourrait tout aussi bien demander à une personne âgée. Elle pourrait ainsi dire:

"j'allume cette bougie en espérance de tous les enfants qui naîtront dans notre communauté, perpétuant ainsi les valeurs qui nous sont si chères. Je pense à ... (citer les naissances de l'année).

Un mot peut-être également dit sur nos futurs en potentialité, nos projets, nos espérances, sur l'avenir qui se dessine pour chacun avec ses motifs de joie.

On peut ensuite entonner un chant...

car rien de mieux que le chant pour unir les coeurs.